Alors non, ce n’est pas un installateur de plaques de cuisson ! Même si c'est un spécialiste de la cuisson, il s’intéresse surtout à celle de l’argile et travaille plutôt sur les chantiers archéologiques !
La céramologie : qu’est-ce que c’est ?
La céramologie est une discipline scientifique complémentaire à l’archéologie. Elle étudie les céramiques, autrement dit les objets en terre cuite.
Vous le savez peut-être, l’homme a depuis longtemps eu l’idée de modeler un certain type de terre – l’argile – et de donner ainsi naissance à des figurines, des sculptures, des récipients, des objets de la vie quotidienne ou des matériaux de construction. Ces objets sont d’abord séchés, puis l’homme découvre qu’en les cuisant, ils deviennent très solides et indissolubles : pratique mais très cassant ! D’ailleurs ne vous êtes-vous jamais amusé, mains dans la boue ou l’argile, à jouer à l’apprenti potier ?
Depuis le Néolithique l’homme façonne donc l’argile pour son quotidien. En témoignent encore de nos jours certains plats de cuisson ou conduits de cheminées !
Cela en fait aujourd’hui l’une des matières les plus présentes dans l’histoire de l’homme. Pas étonnant que les archéologues en trouvent partout ! Souvent bien moins spectaculaires que des pièces de monnaie ou objets prestigieux, les céramiques font le bonheur des archéologues et scientifiques. On connait presque toutes les utilisations et formes de l’Antiquité à nos jours, ce qui permet de les dater! Mais ces fragments ou « tessons » donnent également d’autres informations bien plus précieuses. Leurs composition, couleurs, formes, traces d’aliments nous révèlent l’origine de la terre qui les compose, l’origine de l’artisan ou l’atelier de fabrication, la nature de ses emplois, ses propriétaires, etc. Vous vous imaginez les archéologues du futur vous étudiant à partir de votre assiette ?
Ainsi on peut remonter toute l’histoire jusqu’à nos jours, étonnant !
Le céramologue, c’est celui qui sur le chantier de fouille triera, enregistrera et mettra en sachets les tessons de céramiques avant un long travail en laboratoire. Là, son premier travail consistera à nettoyer ces fragments. Mais attention, avec grande prudence pour ne pas abîmer les éventuelles empreintes du potier, décors ou traces d’aliments encore incrustés. Souvent avec l’aide d’une brosse à dent, ce travail nécessite patience et minutie. Puis, une fois n’est pas coutume, vient la phase d’observation et d’enregistrement. Muni de son œil affuté – parfois aidé d’une lunette grossissante –, de son crayon, de sa règle et d’un papier millimétré, il dessine précisément tout ce qu’il peut observer sur ce fragment : cassures, empreintes, décors creusés – ajoutés ou peints, signature, marques, pastilles, etc. Rien ne doit échapper à l’œil du céramologue ! Avant de commencer l’immense puzzle, il convient de comprendre la nature de l’objet. S’agissait–il d’une amphore, d’une tuile, d’une lampe à huile, d’une brique, une statuette ? Quelle argile (il y en a beaucoup !) a été utilisée pour cet objet ? La composition de la terre et sa couleur peuvent aider à identifier la région de fabrication. Quel artisan ou atelier a bien pu fabriquer cette céramique ? Tel un enquêteur, il relève tous les indices. Et puis vient la question de son ou ses utilisations successives. La forme de l’objet, les traces ou accidents sur l’objet, les microscopiques résidus laissés dans un petit coin du tesson viennent enrichir notre connaissance sur l’objet d’origine, mais aussi le lieu où l’archéologue l’a retrouvé et peut-être comprendre les circonstances de sa destruction (incendie, mise à l’abri des voleurs, décharge, etc.). Inutile de dire que l’archéologue et l’historien attendent les résultats avec impatience !
Puis vient le moment crucial de la reconstitution …. Mais attention il s’agit d’un puzzle niveau ultra difficile ! Car il est rare d’avoir tous les morceaux. Donc si vous êtes experts en puzzles, ce métier est fait pour vous !
Et dans les Vosges …
Dans le département des Vosges, de nombreux sites archéologues livrent chaque année des terres cuites. Au musée de Grand, des tuiles gallo-romaines, des éléments de construction ou encore de la vaisselle sont présentés. Toutes et tous ont été étudiés par des céramologues pour comprendre l’histoire et le quotidien de cette cité antique.
A toi de jouer !
Non tu peux rassurer tes parents, nous n’allons pas casser toute la vaisselle de la cuisine ni le beau vase sur le buffet du salon ….
En revanche tu peux entreprendre l’exploration des placards et trouver des petits trésors chez toi. Avec tes parents amuse-toi à identifier parmi tous les objets que tu auras trouvés, ceux fait en terre cuite. Un petit indice : ils ne peuvent pas réagir à un aimant, ne sont pas translucides et doivent résonner si tu tapes légèrement avec ton doigt sur la paroi.
Maintenant que tu as identifié toutes les céramiques chez toi (ça peut également être des briques et tuiles), tu peux les dessiner. N’hésite pas à mettre les endroits ébréchés, cassés ou les traces de décors que tu pourras observer
Avec un peu de chance tu pourras même identifier des écritures ou indices qui te donneront des informations sur leur provenance, lieu de fabrication, marques et peut être même une signature de l’artisan… Notes les !
Sur internet, avec tes parents, tu trouveras sans doute des informations sur l’atelier ou l’artisan qui ont signé l’objet !
Si tu as trouvé un ou plusieurs trésor chez toi, n’hésite pas à demander à tes parents de nous envoyer les résultats de tes recherches aux Archives départementales des Vosges avec nom et adresse pour les conserver dans la section « #memoiredeconfinement #cultureChezNous » à l’adresse vosges-archives@vosges.fr !
Crédits photos : INRAP – F. Petrazoller – P-A Jouffre